Nous aimerions nous associer à l’association Korarou pour encourager ensemble le maraîchagerécemment initié par les femmes de Diona. Cet appui pourrait passer par l’achat de deux pompes manuelles à pédales, de petits outils (arrosoirs, brouettes, pioches), d’un investissement pour les premières semences, ou d’autres actions.
Informations complémentaires sur l’Association Korarou
Le Maraîchage
Dans la région
Le maraîchage est la culture de légumes. Contrairement à la culture de mil, il s’agit d’une culture sur trois mois, qui nécessite une irrigation quotidienne soutenue. C’est ainsi que l’on cultive notamment pommes de terre, carottes, oignons, tomates, choux, piments, gombo, ail et tabac.
Il s’agit d’une activité économique pratiquée depuis des siècles par les femmes dogons tandis qu’elle est étrangère à la culture peule. Les Peuls ne pratiquent le maraîchage que depuis quelques générations et de façon sporadique, en complément de la culture de mil ou de l’élevage traditionnel. Contrairement aux Dogons et conformément à la culture peule, ce sont les hommes qui ont plutôt eu l’habitude de cultiver. Néanmoins, de plus en plus, les femmes commencent également à pratiquer le maraîchage.
Si cette activité se répand doucement dans la région, c’est parce qu’elle est particulièrement rentable. Sous réserve d’une attention et d’une irrigation quotidiennes, la terre se prête particulièrement bien à la culture de toutes sortes de petits légumes. C’est le tabac, l’oignon et l’ail qui offrent la plus forte marge bénéficiaire, tandis que de nombreux autres légumes ne sont jamais vendus au marché mais servent de compléments à l’alimentation en mil et en riz.
La plus grande barrière à cette activité est l’effort physique important qu’elle requiert pour irriguer la terre quotidiennement. En saison sèche, la parcelle cultivée doit nécessairement se trouver aux abords d’un puits et il faut souvent que plusieurs personnes se relaient pour l’exploiter.
Ici un jardin communautaire a Boundoucoli
A Diona
Au bord du lac Korarou,le village de Diona bénéficie d’une position exceptionnelle. Les rives du lac se retirent chaque année au cours de la saison sèche, laissant place à une terre très riche, particulièrement propice à la culture de légumes. De plus, l’eau est accessible à des profondeurs raisonnables. Toutes les expériences de maraîchage autour du lac ont été couronnées de succès.
Néanmoins, le maraîchage est une activité nouvelle dans ce village, importée au début des années 1980 et peu pratiquée. Les rives du lac restent sous-exploitées.
Les femmes commencent le maraîchage
En 2006, une centaine de femmes ont décidé sur leur propre initiative d’exploiter la terre de Diona pour le maraîchage. Elles se sont organisées autour de deux jardins. Chaque jardin est organisé autour d’un puits tarissable selon les saisons, creusé à l’origine pour du reboisement. Pour encourager cette initiative, l’association Korarou a contribué à tarer les puits (les curer) pour une valeur de 100 000 Fcfa.
Les femmes se sont réunies en quartier, ont cotisé 22 500 Fcfa pour leurs semences et pour payer leurs maris à faire des enclos à épines autour des deux jardins. C’est ainsi qu’en février 2007 elles ont commencé à maraîcher sur une centaine de parcelles individuelles, chacune irriguant sa parcelle au puisard (système de drainage). Elles ont planté du tabac, des oignons, du chou, des carottes, des tomates. Les efforts en irrigation ont été éprouvants, car la terre était déjà sèche au moment où elles ont commencés. Toutes les tomates ont été perdues à cause des insectes. Néanmoins, trois mois après les semences, le reste de la récolte a été bonne et la seule vente du tabac au marché a suffi à recouvrir les coûts d’exploitation. Le reste des légumes a été utilisé dans chacune des familles.
Les femmes, contentes de cette première expérience, souhaitent la renouveler en 2007. Korarou, très impressionné par leur initiative, leur a conseillé de commencer au plus tôt, dès le mois d’octobre lorsque la terre est plus humide. De plus, en commençant en octobre, il serait éventuellement possible de produire deux cycles de maraîchage avant la saison des pluies.
Problèmes identifiés à l’exploitation du maraîchage
1. La formation
L’initiative des femmes est d’autant plus surprenante et impressionnante qu’elles se sont lancées seules sans aucune formation préalable. Leurs résultats de 2007 furent positifs, même si pas exceptionnels au vu de leurs efforts. Notamment, une personne d’expérience pourrait les encadrer pour leur apprendre les particularités de ce nouveau métier (moment des semences, insecticides appropriés etc).
2. L’irrigation
L’irrigation au puisard doit être effectuée quotidiennement et est particulièrement fatigante. Des pompes manuelles à pédales capables de prendre l’eau directement dans le lac faciliteraient grandement cette tâche, sans pour autant nécessiter une manutention particulière.
Côté technique
Quelques donnés sur les pompes manuelles à pédales:
Il s’agit de pompes capables de puiser de l’eau verticalement à 6m de profondeur, et jusqu’à 50m horizontalement (donc capable de puiser de l’eau directement du lac).
Budget
Le budget dépend entièrement du fruit de notre coopération avec l’association Korarou et de nos décisions pour appuyer les femmes de Diona.
Néanmoins, voici un budget prévisionnel.
Pompes manuelles :
2 pompes manuelles à pédales à 40 000 Fcfa chacune 120 €
Tuyaux de raccordement, vendu à 400 Fcfa / m, pour 100 m 120 €
Acheminement à Diona 15 000 Fcfa 20 €
Total 260 €
+ Semences + petits outillages
Impact
Appuyer l’activité économique d’une centaine de femmes du village de Diona, c’est aider une centaine de familles, soit au moins un quart du village ou 500 habitants.
De plus, le maraîchage semble être une activité économique pérenne, rentable, et particulièrement appropriée au village de Diona. Il s’agit donc d’aider à introduire cette activité dans la culture du village – ce qui, à terme, deviendra peut-être son point fort.